Le pouvoir mafieux du Burundi


Le climat politique et social burundais est à la peur. Depuis sa réélection contestée en juillet 2015 pour un troisième mandat, le président Pierre Nkurunziza ne tolère plus la moindre contestation. Les arrestations arbitraires et disparitions d’opposants se sont multipliées. La répression a fait plus de 2 000 morts et plus de 400 000 Burundais et près de 2 000 militaires ont fui le pays selon un récent rapport de l’International Crisis Group. Depuis octobre 2016, l’ONU estime à 200 le nombre de disparitions. Dans ce climat de tension généralisée, les étudiants burundais n’échappent pas à l’intransigeance des autorités. Après un mois de mobilisation, ils se résignent à «regagner les amphis, en espérant que les autorités arrêteront les sanctions et privilégieront la voix du dialogue», a indiqué mardi un de leurs représentants joint par Libération. Une décision qui met fin à un mois de grève contre le décret présidentiel réorganisant le système des bourses universitaires et des stages. Une bourse changée en prêt Jusqu’à présent les étudiants bénéficient sans condition d’une bourse d’études mensuelle de 30 000 francs burundais (moins de 17 euros). Le texte signé le 1er février 2017 par Pierre Nkurunziza prévoit de réformer cette aide publique en un prêt remboursable en fin d’études. «Cette nouvelle politique de prêt-bourse concrétise une volonté exprimée lors des Etats généraux de l’éducation en décembre 2014, explique Jean-Claude Karerwa Ndenzako, porte-parole du chef de l’Etat. Les étudiants vont désormais bénéficier d’un prêt qui évoluera en fonction du coût de la vie.» Créée en 1964, l’université du Burundi compte actuellement plus de 14 000 étudiants pour une capacité d’accueil d’environ 4 000 places. Une explosion du nombre d’inscriptions qui rend nécessaire une réforme du système de financement et d’attribution des bourses. Le tout sur fond de profondes difficultés économiques. Mais la hâte et le manque de communication du gouvernement n’ont fait que crisper les étudiants. Ces derniers estiment ne pas savoir quels seront les critères d’attribution de ces nouveaux prêts-bourses. Ni comment ils devront les rembourser si, une fois leur diplôme en poche, ils ne trouvent pas d’emploi. Aujourd’hui, une grande majorité des étudiants exigent le retrait du décret présidentiel et demandent à être associés aux négociations, craignant que leurs bourses ne finissent par être supprimées. Les étudiants de l’Ecole normale supérieure (ENS) avaient été les premiers à entrer en grève le 24 mars, avant d’être rejoint par ceux de l’université du Burundi (UB), puis par ceux de l’Institut national pour la santé publique. Dès le 28 mars, les premières arrestations ont commencé. «Le gouvernement préfère attaquer les étudiants plutôt que de choisir le dialogue» constate l’avocat burundais en exil et président de l’Action chrétienne pour l’abolition de la torture (Acat) au Burundi, Armel Niyongere.


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