Recommandations sur le suicide des jeunes


Malgré l’étendue des connaissances actuelles sur la prévention du suicide des jeunes, il reste encore d’importantes zones d’ombre que des travaux de recherche pourraient éclairer. Afin d’améliorer les connaissances sur l’épidémiologie du suicide des jeunes et d’affiner l’efficacité des actions de prévention, des travaux qualitatifs sur le sens qu’attribuent les filles et les garçons aux pensées et aux actes suicidaires permettraient, d’une part, de mieux comprendre le processus de déclaration de leurs antécédents de pensées suicidaires et de tentatives de suicide dans les enquêtes, et, d’autre part, de repérer un éventuel rapprochement des comportements des deux sexes. L’exploitation des données hospitalières doit être approfondie pour mieux appréhender le parcours de soins à la suite d’une tentative de suicide, à condition d’améliorer leur codage dans ces sources. Il conviendrait également d’analyser l’effet que peut avoir la conjonction de la place plus importante des mondes virtuels, de la diminution du rôle protecteur des familles et de l’exigence de performance individuelle, associée aux changements psychiques et physiques liés à l’adolescence, sur les conduites suicidaires des jeunes. L’interaction de ces différents facteurs est mal connue. En particulier, le rôle des médias, du Web et des réseaux sociaux dans la promotion et la contagion des comportements suicidaires doit être éclairé. D’autres travaux devraient, au contraire, interroger le rôle des réseaux sociaux comme vecteur potentiel de repé- rage des pensées suicidaires et d’intervention préventive. De plus, les liens entre les comportements suicidaires et d’autres types de conduites (scarifications, violence, consommation d’alcool, harcèlement, etc.) mériteraient d’être approfondis afin de faire progresser la réflexion sur les actions efficaces pour les prévenir. L’intérêt est aussi d’identifier si ces autres comportements sont des signes avant-coureurs, des médiateurs, des modérateurs ou des conduites connexes. Enfin, concernant les moyens de prévenir le suicide des jeunes, les réflexions doivent porter sur l’amélioration de la détection de la dépression et du risque suicidaire, sur l’efficacité des dispositifs à mettre en place à l’école, dans les lieux de loisirs ou de soins (cabinets de médecins, urgences, etc.) pour repérer les adolescents en souffrance. L’efficacité de ce type de dispositifs dans le contexte français nécessiterait d’être étudiée.


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